Discours de la HR/VP Federica Mogherini au Comité de Suivi de l’
Seul le discours prononcé fait foi
Monsieur le Président, Monsieur le Haut Représentant, chers amis,
Je voudrais d’abord en mon nom personnel, en celui de ma délégation et de l’Union européenne, souhaiter un ramadan Karim à toutes et tous.
Je suis ravie d’être ici avec vous, les acteurs clé de la paix au Mali. Et c’est un honneur pour moi de vous porter le message de l’Union Européenne : un message de soutien, et un message de responsabilité.
La renaissance du Mali est possible, si nous tous travaillons, ensemble, pour un nouvel élan de paix.
Ce pays est une terre de traditions anciennes et de grande vitalité culturelle. Jusqu’à peu, les trésors de Tombouctou attiraient des visiteurs du monde entier. La guerre civile et le terrorisme sont des fardeaux qui ont ralenti le Mali, et imposé d’énormes souffrances à tous les Maliens.
Nous savons aussi que l’instabilité régionale a eu un impact négatif sur les événements au Mali. L’idéologie des terroristes n’a rien à voir avec les traditions culturelles et religieuses de ce pays. Ils ont aussi détruit “matériellement” ces traditions et vos trésors – un crime contre le peuple du Mali mais aussi contre un patrimoine de toute l’humanité.
Pour faire face à la menace terroriste, la communauté internationale s’est engagée fermement aux côtés du peuple et des institutions du Mali. Les attaques de ces derniers jours sont une nouvelle tentative de créer des divisions parmi nous: notre réponse ne peut qu’être une unité renouvellée.
Dans quelques instants, je vais annoncer un soutien encore plus important de l’Union européenne au processus de paix au Mali. Mais d’abord, permettez-moi de dire qu’une solution durable aux problèmes du Mali ne peut venir que des citoyens maliens, de l’intérieur de la société malienne.
Le gouvernement, la Coordination des mouvements de l’Azawad et la Plateforme ont accompli des progrès remarquable jusqu’ici, malgré les retards. Je voudrais remercier aussi le Haut Représentant du Président pour son travail.
Un exemple concret est l’installation des autorités intérimaires dans les cinq régions du Nord. C’est une étape importante envers des institutions vraiment représentatives de tous les secteurs de la population.
Il est essentiel que les gens du Mali conservent leur confiance dans les acteurs de l’Accord de Paix. Mais pour que cela se produise, les maliens doivent récolter les dividendes de la paix.
N’oublions pas que la première priorité pour les maliens reste la lutte contre la pauvreté. Sans institutions crédibles et représentatives, sans sécurité supplémentaire, il sera très difficile de relever le défi du développement économique.
L’Union Européenne voudrait faire beaucoup plus pour améliorer les conditions de vie des populations dans le Nord du Mali, et pour assurer le développement économique des régions. 1.5 million des Maliens dans le nord du pays ont des difficultés d’accès à des services de base comme l’eau et la santé. Des milliers d’enfants ne peuvent plus aller à l’école. Et plus de 140.000 réfugiés ont du mal à rentrer chez eux. Des localités entières sont sous le contrôle de groupes qui ne veulent pas la paix.
Les signataires de l’Accord ont la responsabilité d’assurer la sécurité et protection des citoyens maliens. Cela relève de la responsabilité première des groupes qui disent les représenter. L’engagement des parties signataires à l’accord pour la stabilisation du Nord est attendu. A ce titre, les patrouilles mixtes et le mecanisme operationel de coordination à Tombouctou et Kidal doivent demarrer au plus vite: cela facilitera le travail des autorités intérimaires et le retour des réfugiés chez eux.
Tout affrontement sur le terrain entre les groupes signataires et ceux qui adhèrent à l’Accord de paix ne ferait qu’accroître la souffrance du peuple du Mali. Nous, les Européens, sommes déjà très impliqués à soutenir le processus de cantonnement et le désarmement, la démobilisation et la réinsertion. Mais la percée décisive ne peut venir que des forces maliennes.
De même pour la question des trafics illicites dans le Nord. Des intérêts économiques, de pouvoir et d’influence sont au cœur des entraves à la mise en œuvre de l’Accord, et au retour de la paix au Mali.
La persistance des groupes terroristes et des réseaux criminels est un obstacle de poids sur le chemin de la paix. Les jeux de pouvoir, les alliances opportunistes ne pourront jamais créer un développement et un bien-être durable. Seule une économie solide, et une société ne vivant pas dans la peur peuvent générer la croissance économique et humaine à laquelle les Maliens aspirent.
Tout accord de paix prévoit des concessions et des compromis. Je suis consciente aussi du manque de confiance entre beaucoup des acteurs, ainsi que de la frustration de ceux qui ne sont pas encore inclus dans l’Accord. Mais les concessions d’aujourd’hui servent à atteindre un objectif plus élevé : la paix au Mali, et la renaissance de ce pays.
Ne laissez pas passer cette opportunité pour la paix.
Seule la collaboration entre toutes les parties et toutes les communautés peut relancer le développement socio-économique du Nord, la cohésion sociale et la réconciliation.
De notre côté, l’Union Européenne, signataire de l’Accord de Paix, en est également le garant comme membre de la Médiation et du Comité de Suivi de l’Accord. Nous sommes toujours disponibles et prêts à travailler ensemble, à toutes les solutions possibles pour soutenir la paix à travers l’implication active de notre Représentant Spécial pour le Sahel et notre Délégation au Mali. Et nous sommes prêts à travailler avec le G5 Sahel pour encourager leur implication plus résolue.
Aujourd’hui je peux annoncer un soutien supplémentaire de l’UE de 500.000 € au fonctionnement du Comité de Suivi pour les prochains mois, pourvu qu’il y ait de vraies avancées.
L’Europe est aux côtés du peuple du Mali. Mais le destin de ce pays est d’abord entre vos mains. La renaissance du Mali est possible : elle a besoin de notre amitié, mais elle dépend surtout de votre détermination à réaliser la paix. Merci.