Déclaration du président Charles Michel au début de sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron

C’est un plaisir très particulier pour moi de vous retrouver ici à Paris pour une nouvelle occasion de travailler ensemble sur un projet qui nous rassemble, sur un projet qui nous unit, pour lequel on a eu l’occasion, les années précédentes, de déjà coopérer beaucoup: faire avancer l’Union européenne, donner une ambition au projet européen, donner du souffle à ce projet, auquel nous croyons. C’est un projet qui rassemble, c’est un projet qui est porteur de rêves, c’est un projet qui est porteur d’espoirs, mais c’est aussi un projet porteur de réalisations, dans un esprit de confiance, pour faire en sorte que cette Europe soit demain plus solide et plus à même de relever les défis auxquels nous sommes confrontés.

Cette première réunion européenne que je vais présider jeudi et vendredi sera l’occasion de mettre en évidence des thèmes pour lesquels une ambition européenne est indispensable. Le changement climatique: je suis mobilisé avec l’ensemble des collègues pour tenter que l’on parvienne à se rassembler autour d’un message fort, d’un message clair, qui traduit cette ambition européenne, qui est de faire en sorte que l’Union européenne soit le premier continent neutre sur le plan climatique à l’horizon 2050. Cela nécessite de prendre en considération la situation dans les différents pays, les points de départ, la nécessité d’une transition qui intègre dimension sociale, équité et justice. Et nous allons donc travailler intensément sur les thèmes d’actualité qui sont sur la table. Je sais qu’il y a encore dans les heures qui viennent, dans les jours qui viennent, du travail au niveau politique, qui est nécessaire pour tenter d’atteindre jeudi et vendredi cet objectif important.

Un deuxième sujet, et c’est un sujet important, ce n’est pas un sujet technique ni un sujet technocratique ou bureaucratique. C’est un sujet éminemment politique. C’est le prochain budget européen. De quelle manière rassemble-t-on des capacités financières sur le plan européen? Fixe-t-on une ambition en termes de montants mobilisés? Comment réalise-t-on cet équilibre? Faire en sorte que les politiques classiques qui ont contribué à fonder ce projet européen, l’agriculture et la cohésion pour plus de convergence économique et sociale, d’une part, et, d’autre part, les nouvelles ambitions, l’innovation, la migration, le changement climatique soient parfaitement intégrés dans cet objectif que l’on doit tenter d’atteindre par une discussion politique.

J’espère que jeudi et vendredi, ça ce ne sera pas l’occasion de réaffirmer des positions figées qui ont été exprimées dans le passé – nous connaissons les positions de départ des différents pays et nous savons que, pour prendre une décision ensemble sur le plan européen, il faudra que chacun aille de l’avant pour rapprocher les points de vue – je m’efforcerai, dans le respect de chacun, de contribuer à former les propositions les plus innovantes et les plus créatrices possibles pour que chacun puisse se retrouver dans cette démarche.

Un troisième point important touche directement à l’avenir de l’Union européenne comme force économique et donc aussi comme force politique, capable de garantir de la cohésion sociale. C’est la zone euro et nous voyons effectivement que, les années précédentes, à un rythme régulier, on a eu l’occasion de mener des débats entre chefs d’État ou de gouvernement sur la manière d’approfondir la zone euro. Nous aurons de nouveau l’occasion non seulement de mener une discussion sur la manière de voir comment on travaille ensemble dans les prochains mois, mais aussi, je l’espère, d’effectuer des réels pas en avant, notamment ce budget d’investissement dans la zone euro, pour favoriser la compétitivité, pour favoriser la convergence. Nous devons continuer à travailler sur les modalités, sur les montants, sur les manières de fixer des priorités au travers de ce budget commun.

Le Brexit sera aussi évoqué. Les coïncidences du calendrier font que cette réunion européenne a lieu en même temps que l’élection en Grande-Bretagne. Nous avons eu l’occasion de déjà préparer, et on pourra aborder ce sujet vendredi, la manière d’envisager la suite des opérations. Nous prendrons en considération, évidemment, les résultats électoraux. Il est important, comme cela a été indiqué, de maintenir cette transparence entre les États membres, qui est la condition de l’unité, qui est la condition de la confiance, afin de garantir demain du “level playing field”, des conditions égales pour tous, de faire en sorte que les intérêts de l’Union européenne soient mis en évidence, soient promus, en espérant que nous serons en mesure, à l’avenir, d’avoir une relation étroite avec la Grande-Bretagne, qui est un partenaire extrêmement important pour l’avenir de l’Union européenne.

J’aurai l’occasion aussi, jeudi et vendredi, avec l’ensemble des chefs d’État ou de gouvernement, de faire des propositions afin d’essayer d’avoir des modalités de travail qui contribuent à aller de l’avant, à faire en sorte que l’on puisse renforcer la confiance entre les chefs d’État ou de gouvernement et, donc, entre les différents peuples qui composent cette Union européenne. Cette méthode que je vais proposer, elle repose sur l’idée d’avoir davantage de préparation politique, davantage de débats stratégiques autour de la table. Que l’on tente aussi davantage de régulièrement regarder, quand des décisions ont été prises, de quelle manière elles sont mises en œuvre. Il ne s’agit pas simplement d’annoncer des décisions, il s’agit surtout de s’assurer qu’elles sont réellement traduites dans la réalité européenne.

Je conclus en disant que ce moment politique pour l’avenir de l’Europe, est un moment probablement unique. Un nouveau cycle institutionnel démarre, quelques mois après les élections au Parlement européen, un nouveau leadership au niveau de la Commission européenne, au niveau du Conseil européen également, et des défis devant nous : changement climatique, agenda digital, questions de sécurité, questions de défense, l’expression d’une voix européenne plus forte sur la scène internationale, l’expression d’une ambition pour fédérer et garantir cette unité.

Nous avons un agenda stratégique qui rassemble les chefs d’État ou de gouvernement, qui est une boussole politique et, au travers de cet agenda politique, au travers cette boussole politique , on va tenter d’agir, d’être mobilisés pour engranger pas à pas des décisions qui nous permettront de produire des résultats. Et je dis à la fois tout le plaisir que j’éprouve d’être avec le président Emmanuel Macron, mais aussi toute l’amitié, ce n’est pas un secret, que je lui porte et à quel point je me réjouis, avec lui, avec nos collègues autour de la table, de pouvoir travailler d’arrache-pied, les manches retroussées, pour faire avancer ce projet auquel nous croyons, dans l’intérêt de l’ensemble des Européens. Merci, merci beaucoup.